Fran LEVSTIK
Fran Levstik (1831-1887)
Fran Levstik (1831-1887) est une figure centrale de la littérature slovène. Poète, prosateur, dramaturge, critique et grammairien, son œuvre est marquée par les Lumières et s’inspire dans sa forme du classicisme et du préromantisme.
Il publie son premier poème en 1849. Ses écrits de jeunesse, rassemblés dans un recueil intitulé Poèmes (1854), au ton optimiste, parfois mordant, retracent la vie d’un jeune homme joyeux dans un monde paysan idyllique. Ensuite ses vers se teintent de tristesse et de mélancolie pour décrire le sentiment amoureux, qui devient le thème central de sa poésie (Poèmes à Tona [1859] ; Poèmes à Franja [1870]). Il continuera dans le même temps à composer des poèmes satiriques, critiques et pour enfants.
Son œuvre est aussi théâtrale. En 1855 paraît Juntez, petite farce paysanne qui met en scène le combat d’une jeune fille pour épouser celui qu’elle se choisira, et non celui que son père (Juntez) lui imposera, et en 1876 Tugomer, tragédie en vers de cinq actes, écrite en collaboration avec son contemporain Josip Jurcič (1844-1881) et première pièce slovène à la trame historique.
Mais c’est surtout pour ses courts récits que Fran Levstik est célébré. Les plus connus sont Martin Kœurpane du Haut et Voyage de Litija à Čatež. En écrivant ces deux textes, à ce moment de l’histoire des Slovènes où ils font partie de l’Empire austro-hongrois et cherchent à affirmer leur identité, Levstik a le projet d’éduquer son peuple et de lui apporter des éléments de réflexion au travers d’une langue littéraire que celui-ci pourrait s’approprier et dans laquelle il se reconnaîtrait. Ce programme est comme présenté dans Voyage — il y dépeint les lieux qu’il traverse, leurs habitants et les réflexions que lui inspire l’organisation économique et sociale de la société — et concrètement appliqué dans Martin Kœurpane, qui s’adresse dans une langue simple, au ton parfois rugueux, à des gens simples, cependant qu’il les valorise. C’est une des raisons pour lesquelles ce texte est si important aux yeux des Slovènes, qui s’interrogent, aujourd’hui encore, sur le message de l’auteur : a-t-il voulu mettre en valeur le génie créatif du peuple slovène ? faire une satire politique ? ou montrer le tragique de l’histoire slovène, mais également la force de son peuple ? Les points de vue sont nombreux, mais chacun s’accorde à dire que Fran Levstik, avec Martin Kœurpane, a atteint au plus haut de son art et ainsi ouvert la voie aux jeunes prosateurs.
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